10 heures de services offertes et un service de courtoisie : les deux nouveautés du dispositif senior
Face à une population vieillissante et un accroissement du nombre de résidents pour lesquels le maintien à domicile pose question, Pas-de-Calais habitat a mis les bouchées doubles, avec deux dispositifs seniors qui viennent de souffler leur première bougie et affichent un bilan largement positif.
10 heures de services offertes
"Si nous voulons relever le défi de l’autonomie et du maintien à domicile, il faut être capables d’accompagner plus et mieux", explique Jérémy Delobel, chargé de mission chez Pas-de-Calais habitat. Cet accompagnement renforcé s’est d’abord concrétisé en 2023 avec l’opération "Mieux vivre à la maison" : un forfait de 10 heures de services offertes aux locataires seniors de l’Office vivant dans les Quartiers prioritaires de la ville (QPV) et ne dépassant pas les ressources permettant de bénéficier d’un logement social. Ces derniers ont carte blanche pour solliciter l’association Domartois, partenaire du projet, pour des interventions de type jardinage, bricolage, livraison de courses à domicile, préparation de repas, etc. "Cela peut être une heure de ménage tel jour, et une heure d’aide à la toilette le lendemain. C’est à la carte".
Un coût financé par l’abattement de TFPB
Un an après son lancement, l’opération est jugée comme un succès par Pas-de-Calais habitat, qui enregistre régulièrement des retours enthousiastes de ses bénéficiaires. À ce jour, 80 personnes réparties sur cinq communes ont eu accès à ce service entièrement gratuit. Chaque heure est facturée 25 euros à l’OPH, pour lequel la note annuelle devrait avoisiner les 15 000 euros. Un coût entièrement financé par l’abattement de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB). "Ce service est pour l’instant restreint aux QPV car c’est sur ces secteurs précis que l’OPH bénéficie d’un abattement de la TFPB moyennant en contrepartie un engagement en faveur de la qualité de vie et du développement de services".
10 heures, et après ?
Une fois le crédit épuisé, un accompagnement est proposé pour aider les locataires à solliciter d’autres aides existantes, via cette fois les dispositifs nationaux et départementaux, tels que l’Allocation personnalisée d’autonomie. "Hors de question de les abandonner du jour au lendemain après avoir créé ce lien", indique Jérémy Delobel. "L’idée est de favoriser une transition. Nous nous poserons peut-être prochainement la question de savoir s’il faut renouveler, dans certains cas, cette offre de 10 heures".
"Bonjour Madame, on peut entrer ?"
C’est l’autre pan de l’action menée par Pas-de-Calais habitat pour améliorer le quotidien de ses seniors : un "Service de courtoisie" qui vise à recenser les besoins des personnes âgées du parc de l’OPH en allant les rencontrer directement chez elles. L’opération de porte-à-porte, assurée par les services de proximité de l’organisme, a déjà permis d’entrer en contact avec une centaine de personnes et de définir d’éventuels besoins d’équipement dans le logement, d’accompagnement dans certaines démarches du quotidien, d’information vis-à-vis des activités ou services disponibles, ou d’intervention médicale.
Au terme de la première visite, l’OPH se tourne vers ses partenaires (la Ville, la Maison départementale des solidarités, les CCAS, les associations, la Maison de l’autonomie, les centres médiaux, etc.), afin d’établir un diagnostic et de bâtir une réponse appropriée. "Lors d’une visite chez une dame de 90 ans, nous avons suggéré de transformer la baignoire en douche, pour davantage de confort et pour réduire les risques de chute. Notre interlocutrice a d’abord semblé sceptique, puis après avoir accepté, a reconnu à quel point cela lui avait facilité la vie", raconte Nathalie Laguillier, responsable de l'agence Saint-Nicolas-lez-Arras/Saint-Laurent-Blangy.
Et lorsqu’aucun besoin spécifique n’est identifié, l’opération n’en est jamais pour autant vaine. "Le but est aussi tout simplement de créer du lien, de lutter contre l’isolement, d’inciter à venir discuter en pied d’immeuble, alors que certains osent à peine sortir de chez eux".
Repousser l’échéance de la maison de retraite
Tous les membres des équipes de proximité mises à contribution ont reçu la formation de deux jours Gestion locative adaptée aux locataires âgées de l’Afpols, afin d’optimiser la prise de contact, d’apprendre à mettre en confiance les personnes rencontrées, et d’être capables d’identifier d’éventuelles démences qui nécessiteraient une intervention médicale.
"Certaines personnes âgées, résignées face aux difficultés qu’elles rencontrent, sont sur le point de partir en Ehpad", témoigne Sabine Lippens, responsable de l'innovation et de l'anticipation des transformations sociétales. « Pourtant, parfois, une simple visite pourrait déclencher de nombreuses améliorations de leurs équipements et de leur cadre de vie en général, et repousser l’échéance d’un départ de leur logement".



