À Bunus, la FOPH salue la mobilisation de l’Europe sur le logement abordable
La Fédération des OPH a pris part, vendredi 30 août 2024, à la 23e édition des Entretiens d’Inxauseta, à Bunus, qui avait pour thème "Logement : territoires en danger".
Comme chaque année, l’événement a réuni, au cœur du Pays basque, les principaux acteurs du secteur du logement pour une journée d’échanges et de débats. Marcel Rogemont est intervenu lors de la première table ronde, intitulée "Du choc de l’offre au logement pour tous", aux côtés de Pierre Madec, économiste à l’OFCE et à Sciences Po, Marianne Auffret, DG de l’Union nationale pour l’habitat des jeunes, Loïc Cantin, président de la FNAIM, Sébastien Labourdette, président de la Fédération française du BTP des Pyrénées Atlantiques, et Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
"Les HLM, ce sont des personnes, des enfants, des femmes, des hommes, qui vivent dans des immeubles. Ce sont des rencontres, c’est de la vie, c’est notre vie. Je suis né dans une HBM [habitation à bon marché], je sais ce que c’est", a introduit le président de la FOPH, qui a dénoncé le passage du logement social de "l’état solide*", marqué par une vision à long terme, une visibilité de l’investissement et de la planification, à "l’état liquide", caractérisé par une vision à court ou moyen terme et un modèle déstabilisé, marqué notamment par la fin du droit au maintien dans les lieux.
La dégradation des conditions financières des HLM
"En 2017, le gouvernement nous a demandé de valoriser nos actifs et a créé la réduction de loyer de solidarité (RLS), qui n’est autre qu’une taxation sur le chiffre d’affaires des organismes", a-t-il rappelé. "Pour les pouvoirs publics, les 5 millions de logements sociaux que compte la France représentent 550 milliards d’euros qui ne tournent pas et qui pourraient financer une partie de la dette".
Marcel Rogemont s’est inquiété de la baisse du budget de l’État consacré au logement, passé de 42 milliards d’euros en 2016 à 36 milliards d’euros en 2024. "Aucun autre budget n’a été réduit à ce point".
Les limites du discours sur le "choc de l’offre"
Interrogé sur le choc de l’offre et sur l’objectif affiché en 2020 par le gouvernement d’atteindre 110 000 agréments par an, Marcel Rogemont a appelé à la méfiance vis-à-vis des effets d’annonce : "On parle de choc de l'offre mais attention, la force de profération des mots ne vaut pas action", a-t-il averti. "Cette année, nous allons atteindre 60 000 agréments, à tout casser. En 2017, la Caisse des dépôts prévoyait qu’en 2036, on serait à 66 000. On a de l’avance !".
Le logement abordable, une problématique européenne
Évoquant la place occupée par la question du logement en Europe, le président de la FOPH a salué la décision d'Ursula von der Leyen, présidente réélue de la Commission européenne, de nommer un commissaire chargé notamment du logement, et de proposer un plan européen inédit pour le logement abordable. "C’est plutôt positif. Mais cela démontre que ce que nous vivons ici, en France, est vécu dans tous les pays d’Europe, et que le marché, cela ne fonctionne pas pour le logement. Un accompagnement public est indispensable, et quand ce dernier diminue de 6 milliards d’euros comme ce fut le cas en France ces dernières années, forcément il y a de la casse".
Le LLI est utile, le LLS est indispensable
Marcel Rogemont a redit l’opposition de la Fédération au projet porté par le ministre délégué au logement, Guillaume Kasbarian, concernant la possibilité d’inclure le logement locatif intermédiaire dans les 25 % de logements sociaux imposés aux communes par la loi SRU.
Il a également rappelé n’avoir pas approuvé le pacte signé le 20 mars 2024 entre l’État et les principaux acteurs du secteur pour favoriser le LLI et répondre aux besoins de logement des classes moyennes. "À Paris, le LLI concerne les ménages qui ont des revenus entre 80 000 € et 100 000 € euros. Seuls 12 % des travailleurs-clés y sont éligibles. Alors si le LLI est, certes, utile, le logement social est indispensable".
Le président de la FOPH a enfin évoqué l’urgence de mieux s’emparer du logement des jeunes, qui "n’est pas une priorité dans les faits pour le gouvernement". Il a notamment vanté le modèle des foyers de jeunes travailleurs et plaidé pour leur développement.