Après le foudroyage de trois tours, un nouveau quartier à construire
Bourges, le 30 mai 2021, 11h du matin. Une détonation, et en moins de 6 secondes, 202 logements partent en poussière. Val de Berry vient de procéder à la démolition par foudroyage de trois immeubles de 10 et 12 étages, datant des années 70 et inhabités depuis 2018 alors qu’ils connaissaient un phénomène récurrent de vacance. Une technique spectaculaire devenue rare, mais surtout le point de départ d’un projet de modernisation d’une résidence dont les nouveaux pavillons, modernes, confortables et performants, seront livrés en 2024.

« A l’occasion de notre centenaire et du lancement du NPNRU de la ville de Bourges, nous voulions marquer le coup avec une opération spectaculaire », expliquent Florian Beauvais, responsable communication de Val de Berry, et Pierre Miquel, chargé d’opération à la direction technique et au développement. « Mais le foudroyage s’est aussi fait selon de critères d’efficacité. La technique du grignotage aurait été longue et onéreuse, occasionnant beaucoup de nuisance. Là nous avons gagné du temps, avec une préparation commencée en novembre 2020, pour tout faire tomber six mois plus tard ».
Trois des six immeubles foudroyés en France en 2021
Cette démolition est exceptionnelle, seulement six immeubles d’habitation ayant été démolis cette année en France selon ce procédé. Une rareté qui s’explique par plusieurs facteurs : « Les contraintes sont fortes. Il faut évacuer minutieusement tous les habitants alentours et il faut que le site soit bien agencé pour permettre d’avoir recours à cette technique. Les tours doivent être suffisamment espacées et éloignées des autres habitations. De plus, pour que l’opération soit rentable, il faut pouvoir réaliser des économies d’échelle en minant plusieurs bâtiments à la fois ».
En tout neuf étapes clés sont nécessaires pour mener à bien un tel chantier : le diagnostic ; le montage du dossier de consultation des entreprises et l’appel d’offre pour trouver le prestataire en charge de la démolition ; le curage ; le désamiantage, « étape la plus longue » ; l’affaiblissement du bâtiment, consistant à casser 40 % des murs porteurs des étages à miner ; le minage (pose des charges explosives) ; le foudroyage ; et enfin l’enlèvement des gravats et la remise en état du site. Le coût de l’opération menée à Bourges s’élève à 3,7 M€, financés par l’Anru.
Pédagogie et sécurité
En amont du foudroyage, un important travail de pédagogie a dû être effectué en direction des habitants du quartier. « Nous leur avons présenté le projet, il est impératif que tout le monde ait connaissance de ce qui va se passer. Nous sommes notamment allés dans les salles de classe des écoles pour en parler avec les enfants, nous avons fait une présentation au sein d’un foyer pour seniors et avons travaillé avec une association de quartier pour diffuser les informations ».
L’aspect sécurité fut également prépondérant, impliquant le recensement des 450 ménages vivant à proximité des tours, à l’intérieur d’un périmètre précisément tracé, et qu’il a fallu évacuer le jour J, entre 7h et 13h.
« Le recensement, la mise en sécurité du site, l’évacuation, l’accueil et la restauration, l’accompagnement des plus fragiles, la préparation des bâtiments, le tir et la remise en état rapide du périmètre ont été menés de main de maître », explique Pascal Rigault, directeur général de Val de Berry.
11 pavillons modernes et confortables
Derrière l’aspect spectaculaire, l’opération marque un temps fort de l’OPH dans sa volonté de proposer des logements en phase avec les attentes d’aujourd’hui, l’ensemble de cette opération en territoire détendu étant supportée par l’ANRU dans le cadre du NPRU de la ville de Bourges. « Les logements en R+10 et R+12 dans les grands ensembles ne font plus rêver personne. On peine à remplir ce genre de bâtiments », précisent Florian Beauvais et Pierre Miquel. Demain, les trois tours disparues laisseront place à 11 pavillons et 5 parcelles en accession, dont la livraison est prévue en 2024, et pour lesquels l’office a misé sur une architecture moderne, agréable, harmonieuse et homogène, à même de favoriser la qualité de vie de ses résidents et des habitants du quartier. Le coût de ces nouvelles constructions s’élève à 2,1 M€, comprenant également le réaménagement de l'espace et la résidentialisation des bâtiments conservés.
Les habitants des 202 logements avaient déjà été relogés, principalement dans les immeubles alentour, qui subissaient une forte vacance et venaient d’être réhabilités, offrant de nouvelles conditions de confort. « C’est important de pouvoir proposer aux habitants un nouveau logement dans le même quartier, de ne pas les déraciner. Nous savons que c’est une attente forte de leur part ».
L’évacuation des 33 000 tonnes de béton s’étalera jusqu’à la fin du mois d’août. Le plus gros des gravats sera traité sur la plateforme de recyclage des bétons sur le site d'Eurovia au Subdray, près de Bourges. Dans une démarche de revalorisation, cette plateforme triera les aciers et concassera les bétons, qui seront destiné à des sous-couches de chaussées, parkings, voieries, etc.
« Ce foudroyage a été une totale réussite », s'enthousiasme Emmanuel Riotte, président de Val de Berry. « Nous montrons par cette opération transversale et d’envergure, que la transformation d’un quartier se fait avec et pour ses habitants. C’est au logement de s’adapter aux locataires, et non l’inverse ».



