Comment une chambre vide chez un senior peut devenir un logement étudiant
L’un a des locataires avec des pièces en trop. L’autre a des étudiants à la recherche d’un toit. Sur un territoire extrêmement tendu où l’offre de logements étudiants est largement insuffisante pour répondre à la demande, l’Office 64 de l’habitat et le Crous de Bordeaux-Aquitaine ont signé une convention inédite. Le partenariat vise à identifier des locataires seniors de l’OPH disposant d’une chambre non-occupée dans leur logement et désireux de la sous-louer à un étudiant.

Seulement 500 logements pour 7 500 étudiants
« Cette initiative vise à répondre en partie à la très forte tension du marché sur la côte basque, région ultra touristique qui voit les locations type Airbnb très favorisées et où il est extrêmement difficile pour les étudiants de trouver un logement », explique Thierry Montet, directeur général de l’Office 64 de l’habitat. « Le besoin est intensifié par le développement rapide du pôle universitaire du littoral Bayonne-Anglet-Biarritz, qui compte aujourd’hui 7 500 étudiants et en comptera 10 500 d’ici 2025, alors même que le Crous ne dispose que de 500 logements ».
L’offre s’adresse d’un côté aux locataires de plus de 60 ans, et de l’autre aux demandeurs de moins de 30 ans, étudiants ou en formation continue, pour des durées de cohabitation aussi variées qu’il y a de cas de figure. « C’est à la carte : cela peut être pour deux jours, 10 jours, trois mois, un an ou plus, même si pour l’instant les demandes concernent davantage de courts séjours ».
159 euros de loyer sans impact sur l’APL
Ce modèle de cohabitation, bien que pouvant déboucher sur de belles histoires, n’est pas conçu sur un principe de solidarité intergénérationnelle. Les étudiants hébergés n’ont aucun autre engagement vis-à-vis de leur loueur que de leur payer un loyer. Par exemple, pour une chambre de 13 m2 avec accès à la salle de bain, à la cuisine et au salon, il faut compter 159 € par mois, contre 600 € environ pour un studio dans le privé. « Cette somme est directement payée au locataire, et ne vient impacter ni son APL, ni sa fiscalité », précise Thierry Montet.
Tout juste lancé, le dispositif a fait ses premiers pas cet été. À l’occasion d’un événement organisé par l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, quatre étudiants de 23 à 26 ans ont été logés pour des durées de quatre à huit semaines. Six autres cas d’hébergement ont commencé pour des alternants et plusieurs rendez-vous sont pris pour de nouvelles signatures.
Promouvoir, convaincre et rassurer
Le succès du dispositif repose sur la capacité de l’OPH à trouver, parmi ses locataires, des candidats potentiels et à les faire adhérer au projet. Entre Hendaye et Bayonne, l’Office 64 de l’habitat a d’ores-et-déjà identifié 750 logements occupés par des personnes de plus de 60 ans et en sous-occupation, c’est-à-dire avec au moins une chambre disponible.
Une équipe de l’Office est chargée de travailler sur l’offre, de développer les outils tels que des baux-types, des états des lieux-types, de déployer des moyens de communication (affiches, SMS aux locataires cibles), d’organiser des rencontres au pied des immeubles pour promouvoir le programme, de planifier des rendez-vous individuels avec celles et ceux qui semblent partants. « Nous devons être présents physiquement pour les rassurer, les accompagner. Une simple plateforme ne suffirait pas », insiste le directeur général de l’organisme. L’opération de communication est soutenue par les communes de Saint-Jean-de-Luz, Bayonne, Anglet et Biarritz, qui s’en font largement l’écho dans leurs différents supports.
Le projet, subventionné à 100 % par la région Nouvelle-Aquitaine, le département des Pyrénées-Atlantiques, le fonds de soutien à l’innovation de la CGLLS et la CAF, pourrait rapidement être étendu à un public plus large (saisonniers, apprentis…).



