Construction hors site, toutes les raisons d’y croire
C’est une nouvelle étape dans la production des logements du futur. Le recours à la construction hors site et aux techniques de la 2D et de la 3D pour faire sortir de terre de nouveaux bâtiments intéressent plus que jamais les acteurs du logement social, tant les bénéfices sont prometteurs. Qualité et confort, efficacité énergétique, délai de livraison, coûts… À bien des égards, ces modes alternatifs de construction attirent l’attention. Exemple avec une opération de 160 logements menée par Maine-et-Loire Habitat.

Dans le sillage des opérations EnergieSprong qui fleurissent à travers le territoire, le recours aux modes de construction hors site seraient-ils l’avenir du logement social ? Pas impossible, à en croire Maine-et-Loire Habitat, qui a récemment décidé de se jeter à l’eau. « Nous avons pris un risque car les exemples restaient encore rares autour de nous », raconte Laurent Colobert, directeur général de l’OPH.
Inspiré par le cas d’une ESH de la région qui avait tenté l’expérience il y a quelques mois sur 17 logements, l’office a lancé en 2020 une opération de construction de 160 logements via ces techniques encore peu répandues. « Nous avions la volonté de diversifier les modes constructifs pour produire nos nouveaux logements. Nous savions que nous allions essuyer les plâtres. Lorsque nous avons lancé notre consultation, des entreprises spécialisées dans la 2D et la 3D nous ont répondu. Nous avons considéré que c’était une excellente occasion de tester les deux procédés en même temps ». L’aspect financier constituait également l’une des interrogations phares, l’opération ne pouvant être un succès qu’à condition d’être viable économiquement. « Nous avons été rassurés, constatant que le projet rentrait bien dans notre enveloppe, avec une facture totale de 17 millions €, 20 000 € de fonds propres par logement ».
La question économique est un élément clef de ce type de projet, l’enjeu étant de parvenir à allier innovation et massification. « Massifier permet de tenir nos prix de revient pour équilibrer les opérations. C’est pourquoi nous avons engagé cette opération sur un volume important de 160 logements. C’est un point crucial car la plupart des petites opérations sont difficiles à équilibrer ».
La 2D et la 3D
Dans le cas de Maine-et-Loire Habitat, les techniques de construction hors site 2D et 3D ont été retenues. Deux procédés différents. La 2D, qui concerne une cinquantaine de lots, consiste à préparer en atelier les panneaux (cloisons et plafonds), avant de les livrer par camion et les assembler sur le site. La 3D, retenue pour 110 logements, repose sur la conception hors site de modules qui ont déjà leur forme finale (rectangulaire, etc.) et seront ensuite posés sur des fondations en béton et assemblés entre eux.
Délais raccourcis, énergie et qualité des logements à la clé
Le choix de cette expérimentation est motivé par plusieurs objectifs. L’office souhaite notamment construire dans des délais plus courts, la 2D et la 3D étant réputées pour favoriser des temps plus rapides que les chantiers classiques. « Nous voulons pouvoir livrer un logement en 10 mois ». Outre ce gain, des avantages sont également attendus en matière de performance énergétique, avec des panneaux isolés en extérieur et en intérieur qui doivent permettre de faire économiser en dépense de chauffage. Enfin, la qualité des logements elle-même est en cause, avec la volonté de livrer des bâtiments sans défaut de construction. « Quand on construit des logements, on a souvent des réserves en fin de chantier : tel équipement n’a pas été bien posé, telle plinthe n’a pas été bien réalisée, etc. Avec la 2D et la 3D, nous visons un zéro réserve technique. Cet objectif figure d’ailleurs dans l’engagement pris avec les entreprises en charge des chantiers. C’est l’un des points forts de ces nouveaux modes de construction : dans le préfabriqué, tout est contrôlé et vérifié avant d’être livré ».
L’espoir de généraliser la pratique
Pour l’heure, Maine-et-Loire Habitat aborde ce chantier dans un état d’esprit d’expérimentation, mais fonde beaucoup d’espoirs. « Nous y croyons, nous nous engageons, nous voulons tester, voir ce que cela peut donner. Dans un an, nous pourrons tirer des conclusions, voir si tout s’est bien passé. Si tous les voyants sont au vert, nous pourrons avoir à nouveau recours à cette modalité de production qui permet de répondre plus rapidement et plus efficacement aux besoins de logements. À terme l’objectif serait d’avoir 20 % de nos opérations produites selon ces modes de construction ».
Les permis de construire seront majoritairement déposés entre juin et septembre 2021, pour un lancement des travaux à partir de l’automne 2021 et une livraison en 2022 et 2023.



