En plein Paris, la reconversion spectaculaire de l’Îlot Saint-Germain, lauréat de l’Équerre d’Argent 2023
Hier encore, c’était un quartier de bureaux du ministère des Armées, fermé à double-tour. Depuis 2023, l’Îlot Saint-Germain, en plein cœur du 7e arrondissement de Paris, est devenu un exemple de reconversion urbaine, avec 254 logements sociaux, des jardins, un gymnase et une crèche. Au point de remporter le prestigieux prix de l’Équerre d’Argent, qui récompense les projets architecturaux remarquables.

Cette métamorphose, amorcée en 2020 par la RIVP, a été réalisée dans le cadre de la « Décote Duflot », dispositif autorisant l'administration à céder son foncier à bas prix pour encourager la production de logements sociaux. « Nous avons travaillé sur des bâtiments des années 1950, mais aussi du 18e siècle », explique Laura Vassilev, directrice adjointe construction de la RIVP. « Sur ces derniers, la rénovation devait être la moins invasive possible, sans nouvelle ouverture, avec la conservation des toitures et des lucarnes ». La complexité du chantier et les nombreuses contraintes n’ont pas freiné les ambitions de l'organisme, qui a choisi, pour relever ces défis, de travailler avec les cabinets François Brugel Architectes Associés et h2o Architectes, tandis que les parties crèche et gymnase ont été conçues par l’architecte Antoine Regnault.
« C’est un projet emblématique de ce qui va venir demain : il va falloir construire autrement, en partant de ce qui est déjà bâti, avec des histoires déjà en place », précise François Brugel. « C’est d’autant plus touchant d’avoir reçu ce prix qu’il s’agit de logements sociaux, une dimension à laquelle je suis particulièrement attaché, en phase avec mon engagement ». Enthousiasme partagé par Jean-Jacques Hubert, cofondateur de h2o architectes : « C’est une démarche à part entière qui est reconnue à travers ce prix : celle de construire la ville sur la ville, de s’appuyer sur la qualité de l’existant pour le transformer ».
Une recherche méticuleuse de variété des logements
Le caractère emblématique de l’opération tient notamment à la détermination de ceux qui l’ont porté à éviter la standardisation des logements. « Nous avons regardé les plans des logements un par un, nous nous sommes demandé chaque fois comment penser la cuisine, les rangements, quel usage allaient en avoir les locataires, en jouant avec les structures. Le but était d’éviter autant que possible la répétition. Ainsi nous avons conçu 88 plans de logements différents », détaille Laura Vassilev. « Cet effort traduit notre conviction profonde que le logement social mérite ce qui se fait de mieux, en termes de matériaux, de pérennité et d’usage ».
Un soin particulier a également été apporté au ravalement et au traitement des façades, notamment celles du bâti le plus ancien, en pierre, sur lesquelles les menuiseries en bois ont été intégralement remplacées, des volets intérieurs en harmonie avec ces éléments historiques ayant été installés pour respecter les prescriptions des Architectes des bâtiments de France et ne pas modifier les façades extérieures.
Un quartier vivant, en plein cœur du 7e arrondissement
Si l’Équerre d’Argent vient récompenser l’architecture des immeubles de logements, l’Îlot Saint-Germain se distingue aussi largement par les équipements publics qui y ont été construits. « En faisant sortir de terre une crèche, un gymnase et des jardins, nous avons fait en sorte qu’un ancien quartier de bureaux, par nature secret, massif, devienne ouvert, vivant, végétal. L’emplacement de cette résidence a aussi son importance. Nous sommes en plein Paris, dans le 7e arrondissement, qui compte peu de logements sociaux et où la RIVP n’avait pas encore de patrimoine ».



