La décarbonation passe aussi par l’économie circulaire
Fini le gaspillage. Les OPH sont de plus en plus nombreux à s’engager dans l’économie circulaire avec l’objectif de favoriser le réemploi des matériaux issus des opérations de démolition, en identifiant tous les débouchés possibles sur les chantiers de constructions à venir. Si le gain financier reste encore marginal, la démarche contribue à inscrire les organismes dans une dynamique de décarbonation. Exemples avec Plaine Commune Habitat et Seine-Saint-Denis Habitat.

Plaine Commune Habitat
L’OPH a été parmi les premiers signataires de la charte d’économie circulaire initiée par Plaine Commune en 2019, dont la dernière version a été mise à jour cet été. Un document dont les signataires s’engagent à identifier toutes les possibilités de réemploi de matériaux sur les chantiers à venir. Plaine Commune Habitat a réellement transformé l’essai en 2021 avec les premières concrétisations. « Nous avons inscrit, dans le cahier des charges de maîtrise d’œuvre d’une opération de démolition, l’étude du réemploi des matériaux vers d’autres opérations de construction ou d’aménagement de l’espace public », précise Sonia Ouldammar, directrice du développement et du renouvellement urbain.
Pourvoyeur de matériaux, l’Office s’engage également à bâtir et équiper certaines constructions neuves à partir de béton recyclé, carrelage et autres matériaux issus du réemploi et du territoire. « Il s’agit de mettre en œuvre une démarche à double sens et la systématiser ». Cette ferveur pour l’économie circulaire, Plaine Commune Habitat la revendique comme répondant à ses ambitions en matière de transition écologique et de décarbonation. Ambitions inscrites noir sur blanc dans son Plan Ambition Environnement. Le réemploi est également promu par l’OPH à travers des projets artistiques visant à exposer, dans les résidences, des œuvres 100 % issues de matériaux recyclés.
Seine-Saint-Denis Habitat
Avec un volume de démolition de 1500 logements et de 5000 réhabilitations pour les années à venir, Seine-Saint-Denis Habitat, engagé dans pas moins de 16 opérations NPNRU, se sait parmi les offices les plus générateurs de déchets. Alors que faire de ces matériaux habituellement voués à la décharge ? « C’est la question que nous nous sommes posé depuis quelques années. D’autant plus que nous payons à la fois pour démonter ces matériaux et pour qu’ils soient emportés à la décharge, alors qu’ils pourraient être réutilisés pour bien des usages », explique Juliette Lefeu, directrice de la maîtrise d’ouvrage à Seine-Saint-Denis Habitat. Un gâchis auquel l’OPH, l’EPT Est Ensemble et la ville de Romainville ont décidé de mettre un terme, en recyclant béton, métal et autres matériaux de second œuvre, pour leur donner une nouvelle vie sous forme de mobiliers urbains et afin d’aménager les espaces publics du quartier. « Nous avons commencé à nous positionner en tant que maître d’ouvrage, en nous fixant un objectif de démolition zéro déchet », précise Aurélien Talbot, responsable de projet au sein de la direction de la maîtrise d’ouvrage.
Récemment, sur un important projet de démolition, SSDH a trouvé preneurs pour le réemploi de matériaux, dont 132 marches en granito que la ville de Paris va transformer en revêtement de sol pour un équipement public. Le réemploi prévoit en outre un avenir pour les mains courantes des escaliers, les portes, les boites aux lettres, les persiennes ou encore les luminaires, dans la perspective de rénovation de logements.
L’Office a récemment passé un marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage pour réaliser des diagnostics ressources sur l’ensemble de ses opérations. Et à en croire Juliette Lefeu, la tendance n’en est qu’à ses prémisses : « plus les filières de recyclage et de réemploi seront structurées, plus il y aura de possibilités pour les bailleurs ».



