L’agriculture urbaine au service du renouveau des quartiers
Une serre agricole posée sur le toit d’un immeuble de 10 étages. La vision n’est pas banale. Elle est pourtant l’une des fiertés de Nantes Métropole Habitat, récemment lauréat de l’appel à projet « Quartiers fertiles », qui propose un soutien financier et un appui technique aux projets d’agriculture urbaine dans les quartiers Anru. L’opération récompensée s’appelle « Nantes nord fertile », et porte les ambitions de l’office en matière de dynamisation et valorisation de son patrimoine.

Spectaculaire d’un point de vue architectural, l’opération « Nantes nord fertile » est avant tout un projet d’agriculture urbaine. L’objet de toutes les curiosités : une serre agricole posée sur le toit d’un immeuble de 24 logements sociaux. Cette construction atypique accueillera bientôt des cultures destinées à alimenter les jardins, potagers solidaires et espaces partagés des quartiers avoisinants. « L’objectif est de contribuer à l’émergence d’un quartier nourricier dans un secteur en renouvellement urbain », explique Luc Stéphan, directeur de l’innovation de Nantes Métropole Habitat.
D’ici la fin de l’année, ce sont 400 m2 d’espace agricole qui seront disponibles et prêts à exploiter, avec la nécessité de faire le bon choix quant à ce qui sera cultivé. « L’idée de la pépinière tient la corde car elle permettrait de produire des plants qui seraient ensuite repiqués dans les espaces verts et jardins du quartier. En somme, l’office serait le premier client du dispositif. A l’inverse, étant proches de grandes zones maraichères que nous ne pourrons pas concurrencer, il ne semble pas opportun de faire pousser des légumes ou des fruits ».
Une fois la serre posée, reste à définir qui va la faire fonctionner au quotidien. Et pour cela, l’office prévoit de lancer un appel à candidature pour recruter un exploitant, auquel seront confiées les clés du projet. « Si nous avons étudié les différents cas de figure pour déterminer quelles cultures seraient les plus viables et techniquement réalisables, c’est cette personne qui aura la responsabilité de réaliser le business model et faire tourner la serre ». Un volet animation est également prévu, de sorte que les résidents puissent visiter l’espace et apprendre à jardiner. « Nous avons missionné une association pour venir animer des ateliers tous les mercredis ».
Point de départ visible de ce projet, la serre n’est pas une fin en soi. Car « Nantes nord fertile » s’est aussi distingué pour ses espaces au sol, prévus pour être mis en culture et exploités. 2300 m2 de parcelles situées au pied des immeubles ont ainsi été identifiées pour venir compléter les 28 jardins partagés déjà existants. « On monte en puissance, l’objectif étant de créer une synergie entre les jardins partagés, les jardins nourriciers et la serre ».
Récupérer la chaleur de la serre
Cette opération emblématique se veut un succès à entrées multiples. Car outre l’aspect agricole et social, une caractéristique énergétique est également en jeu. La chaleur produite par la serre, chaleur dite fatale, ou inutile, sera ici récupérée pour chauffer l’eau sanitaire du bâtiment.
Défi architectural
L’installation a posé toute une série de défis techniques : poids, portance, mais aussi accessibilité. Car la réussite du projet de serre sur le toit nécessite que les locataires aient l’envie de s’y rendre, et puisse le faire facilement. « Nous avons dû intégrer l’installation d’un ascenseur, qui occasionne de lourds travaux ».
Changer l’image des quartiers
Pour Nantes Métropole Habitat, l’intensification de ce projet d’agriculture urbaine n’a rien d’anecdotique, et vient s’inscrire dans la philosophie-même de l’office. « Cela doit contribuer à montrer qu’on peut apporter des projets innovants et esthétiques dans l’habitat social. Nous voulons montrer la valeur de ces quartiers, changer l’image qu’en ont les gens, en faisant le pari du dynamisme, de l’activité, de l’esthétique. Les jardins déjà existants ont d’ailleurs fait leurs preuves et sont parfaitement respectés par les habitants. De nouveaux espaces voués à l’agriculture urbaine seront libérés au fur et à mesure de l’avancée du projet urbain du quartier. »
Ce projet est soutenu par le CSTB, le programme européen Green ROOF pour la promotion des serres en toiture et le Nantes City Lab. Il a initialement bénéficié du programme Lab USH-CDC pour l’innovation en 2017-2018. Le coût de l’opération « Nantes Nord Fertile », qui intègre également une partie réhabilitation, le percement de l’ascenseur et la rénovation thermique, s’élève à 900 000 €, dont 200 000 pour la seule pose de la serre, qui sera livrée fin 2021.



